Élections 2023: évaluation d’Interpharma  - Interpharma

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23 octobre 2023

Élections 2023: évaluation d’Interpharma 

Les élections fédérales 2023 n’entraînent pas de grand bouleversement politique. Les électrices et électeurs sont revenus sur certaines modifications nettes effectuées en 2019. Cependant, la polarisation qui s’accentue dans la Chambre Haute représente un défi croissant pour certains dossiers politiques clés, et donc pour la place économique Suisse et l’innovation dans notre pays. Interpharma félicite toutes et tous les élu-e-s, mais les conjure en même temps de faire avancer rapidement les grands chantiers politiques de la Suisse. Il faut en particulier accélérer l’accès des patient-e-s aux médicaments innovants, mettre en place un espace de données de santé et asseoir d’urgence les relations bilatérales avec l’UE sur des fondations stables. La branche exportatrice qu’est l’industrie pharmaceutique, aussi bien que l’ensemble de la population, a besoin d’urgence de progrès dans ces domaines. 

Les électrices et électeurs se sont exprimé-e-s, et contrairement aux élections fédérales précédentes, de grands bouleversements n’ont pas eu lieu. Au Conseil national, l’UDC est clairement le vainqueur: elle récupère une grande partie des voix perdues en 2019 et, avec 27.9% à son actif, elle rassemble presque 2  fois plus d’électrices et électeurs que le Parti socialiste qui arrive en deuxième position. Le PS fait gagne aussi du terrain avec une progression de 1.5 point. Le camp des écologistes qui avait dominé les élections de 2019 est à présent en net recul. En particulier Les Vert-e-s perdent près de la moitié de leur résultat sensationnel des dernières élections. Le PLR perd 0.8% alors que le Centre gagne 0.3 point, qui dépasse ainsi le PLR en termes de sièges au conseil national. La polarisation des partis politiques s’accentue à nouveau légèrement au Conseil national. De nombreux deuxièmes tours auront lieu en novembre au Conseil des Etats. Interpharma profite de l’occasion pour féliciter toutes et tous les élu-e-s.

La tendance à la polarisation se confirme 

Étant donné que la polarisation s’accentue légèrement au Conseil national, la recherche de compromis majoritaires sur les dossiers politiques clés devrait continuer à être difficile. La polarisation favorise l’administration plutôt que le façonnement actif des conditions cadres. Or, il est plus urgent que jamais d’aboutir à des solutions solides: de grands chantiers sont en cours en particulier dans le secteur de la santé, mais aussi s’agissant de notre pays en tant que place économique ainsi que de sa force d’innovation: vu la concurrence internationale rude à laquelle elle fait face et vu les efforts de l’OMS et de l’OMC d’affaiblir la protection de la propriété intellectuelle, la Suisse risque de se retrouver distancée. En coopération avec le Conseil fédéral et la nouvelle ou le nouveau ministre de la santé, le Parlement fraîchement élu doit s’attaquer à ces nombreux chantiers politiques. Du point de vue d’Interpharma, les dossiers suivants sont cruciaux: 

Premièrement: accès rapide et équitable des patient-e-s aux médicaments innovants 

Pour que les patient-e-s aient accès à un médicament à égalité, il faut premièrement qu’il soit autorisé par Swissmedic, deuxièmement qu’il soit pris en charge par les caisses-maladie. Les processus d’autorisation de Swissmedic sont actuellement efficaces, y compris en comparaison internationale. Swissmedic a l’ambition d’être une autorité de pointe à l’échelon mondial, ainsi que l’une des plus efficaces. En notre qualité d’industrie, nous soutenons en cela l’autorité d’homologation indépendante de notre pays. En outre, l’industrie est en dialogue constructif et critique permanent avec Swissmedic pour améliorer continuellement les processus. 

En revanche, un problème plus important se pose au niveau de la deuxième étape, le processus de prise en charge. Dans le cas de nouveaux traitements hautement innovants, le système actuel fonctionne de moins en moins bien. Résultat: le processus dure de plus en plus longtemps, les dossiers en attente s’accumulent et les patient-e-s de Suisse doivent parfois attendre des mois, voire des années, qu’un médicament innovant soit enfin inscrit sur la liste des spécialités (LS), condition requise pour sa prise en charge par les caisses-maladie et donc sa disponibilité pour toutes et tous à égalité. Ces problèmes d’accès des patient-e-s existent depuis des années. En 2023, on peut s’attendre à un nouveau triste record. Or, de nombreuses personnes atteintes de maladies graves n’ont pas le temps d’attendre. Il faut donc de toute urgence moderniser profondément les processus actuels, de manière à ce que les patient-e-s obtiennent rapidement les traitements dont elles et ils ont besoin. Interpharma s’engage dans ce but et a soumis des propositions en ce sens. Le modèle adopté par le Conseil national lors de la session d’automne est un pas important dans la bonne direction. Il faut à présent que le «nouveau Parlement» poursuive avec détermination et rapidité dans cette voie. 

En tout état de cause, pour assurer à l’avenir la stabilité des coûts et la qualité de la prise en charge sanitaire en Suisse, voire pour les améliorer, il faut changer profondément la manière d’aborder la politique de santé: celle-ci doit être globale, s’écarter d’une pensée cloisonnée infructueuse et d’une concentration sur les seuls coûts, et mettre au contraire au premier plan le bénéfice pour les patient-e-s, avec comme indicateurs la qualité et le succès du traitement. Au final, cela améliorera l’efficience et agira donc dans le sens de la maîtrise des coûts. 

Deuxièmement: progrès dans la transformation numérique et la réutilisation des données de santé 

Ensuite, il faut que la Confédération avance enfin en matière de transformation numérique, en particulier de réutilisation des données de santé. En point de mire à cet égard, l’approbation par le Parlement du crédit d’engagement pour DigiSanté, le programme visant à promouvoir la transformation numérique du système de santé. Il est urgent que la Suisse mette en œuvre un programme cohérent et investisse dans la mise en place d’un écosystème de données de santé en réseau. Pour assurer l’avenir de la recherche et du développement de nouveaux médicaments innovants, notre pays a besoin d’un écosystème de données de santé qui fonctionne et d’une ouverture aux nouvelles technologies dans le domaine de la recherche. Ceci est important pour l’attractivité et la reconnaissance internationale de la place de recherche suisse. Les patient-e-s et les fournisseurs de prestations ont tout à gagner d’un système de santé efficace, qui réduise les prises en charge superflues, d’où des économies. L’espace de données de santé suisse doit en outre être compatible avec d’autres écosystèmes de données, en premier lieu avec l’espace européen des données de santé. Le Conseil fédéral et le Parlement nouvellement constitués doivent accorder une grande priorité à la transformation numérique, car la Suisse a déjà pris beaucoup de retard.  

De même, dans les domaines de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique, il faut rapidement poser les jalons pour la place de recherche du futur. Des règlementations défavorables à la technologie ou une politique d’interdiction auraient pour effet que, dans ce domaine, de même que déjà dans celui de la transformation numérique du système de santé, la Suisse se retrouverait dans quelques années à la traîne par rapport à la concurrence internationale. 

Troisièmement: stabilisation et développement des relations bilatérales avec l’UE 

Last, but not least, la principale branche exportatrice de Suisse (l’industrie pharmaceutique représente près de 40% de l’ensemble des exportations de notre pays) accorde la priorité absolue à la stabilisation de la voie bilatérale. Près de la moitié des exportations de l’industrie pharmaceutique vont dans l’Union européenne. Il est capital pour la place de production et de recherche suisse de stopper l’érosion actuelle des relations bilatérales avec l’UE. Il faut donc placer ces relations et la sécurité juridique qui y est liée sur des fondations stables dans une perspective à long terme. Interpharma s’engage de toutes ses forces pour que le Conseil fédéral entame rapidement des négociations avec l’UE sur la base des paramètres de juin 2023.  

En particulier l’Accord de reconnaissance mutuelle (ARM), la coopération dans le domaine de la recherche, ainsi que la libre circulation des personnes revêtent une importance capitale pour la branche pharmaceutique. Ces trois domaines de coopération assurent le libre accès au marché intérieur de l’UE, la connexion internationale avec les plus éminent-e-s chercheuses et chercheurs du monde entier et l’accès au personnel spécialisé dont nous avons un besoin urgent. Nous soutenons par ailleurs la volonté d’assurer le haut niveau actuel de protection des salaires. Des restrictions inutiles telles que salaires minimums nationaux ou déclarations d’application générale facilitées pour les conventions collectives de travail ne feraient qu’entraver la flexibilité du marché du travail et mettre en danger la prospérité de la Suisse. 

Le surcroît de polarisation au Conseil national ne doit pas entraîner d’autres blocages sur le dossier capital qu’est l’UE. Interpharma s’engage pour une Suisse ouverte et connectée et demande au Conseil fédéral et au nouveau Parlement d’avancer sur ce dossier avec détermination, courage et rapidité. 

René P. Buholzer

Directeur

Yves Weidmann

membre de la direction / Responsable Affaires gouvernementales

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