9 octobre 2025
Accès aux nouveaux médicaments, un défià portée de main
Dans une interview accordée à L’AGEFI, René Buholzer s’est exprimé sur l’accès aux nouveaux médicaments. Vous pouvez lire l’article original ici.
Ces dernières années, la sécurité d’approvisionnement en nouveaux médicaments s’est nettement dégradée en Suisse. L’étude WAIT montre qu’en comparaison européenne de l’accès aux traitements innovants, la Suisse n’est plus qu’à la 7e place, juste devant la Bulgarie. Tandis que deux fois plus de nouveaux médicaments sont disponibles en Allemagne, tout juste la moitié des médicaments autorisés par l’autorité européenne du médicament arrivent sur le marché suisse.
La raison en est un système obsolète de formation des prix: des substances qui existent depuis des dizaines d’années servent de traitements de comparaison, tandis qu’on ne tient pas compte du bénéfice qu’apportent les traitements modernes, par exemple moins de journées d’hôpital ou d’opérations superflues. De ce fait, les patientes et patients de Suisse attendent des médicaments auxquels la population d’autres pays a accès depuis longtemps.
« Corrigés de la parité de pouvoir d’achat, les prix suisses sont inférieurs à la moyenne européenne »
On oublie souvent de prendre en compte que, en comparaison internationale, la Suisse est relativement économe dans le domaine des médicaments. Corrigés de la parité de pouvoir d’achat, les prix suisses sont inférieurs à la moyenne européenne. Les dépenses pour les traitements innovants ne sont qu’à un quart du niveau des États-Unis. Concrètement, le Suisse moyen dépense 37 francs par mois pour des médicaments innovants, trois fois moins que pour l’alcool et le tabac. Sur ce montant, 27 francs vont aux fabricants, 1 franc à l’État ainsi qu’aux fournisseurs de prestations et environ 8 francs au commerce. À l’exception du financement uniforme des soins EFAS, les grands leviers d’économies dans le système de santé, qui ne mettraient en danger, ni la qualité, ni l’approvisionnement, n’ont pas été abordés.
Le conflit commercial avec les États-Unis aggrave la situation, car ces derniers envisagent de coupler les prix des médicaments aux prix européens les plus bas («prix de la nation la plus favorisée»). Les entreprises seraient ainsi incitées à retarder la mise sur le marché dans les pays aux prix bas, de manière à éviter des effets négatifs sur le marché américain. Les patientes et patients suisses en souffriraient également, car les traitements n’arriveraient que plus tard, voire pas du tout. Les nouvelles taxes douanières montrent qu’il ne s’agissait pas de menaces en l’air des États-Unis, et cela a des conséquences pour l’approvisionnement, mais aussi pour l’exportation, les impôts et l’emploi.
Pour assurer la place de recherche et la sécurité d’approvisionnement, nous avons besoin de trois choses: premièrement, l’arrêt de projets de réglementation qui causent des coûts supplémentaires élevés et sapent l’attractivité du petit marché suisse. Deuxièmement, une stratégie coordonnée des sciences de la vie qui apporte les conditions cadres capables d’assurer l’avenir de la contribution économique de la branche à l’approvisionnement, la recherche, l’emploi et la prospérité. Troisièmement, la modernisation attendue depuis trop longtemps du système de formation des prix, de manière à ce que le progrès bénéficie aussi aux patient-e-s de notre pays.