L’excellence scientifique au service d’un secteur économique performant
«L’industrie chimique
et pharmaceutique suisse a développé une vocation multinationale après la
Deuxième Guerre mondiale; elle est ainsi représentée dans quelque soixante-cinq
pays par des succursales et des filiales. En raison de la forte valeur ajoutée
de ses produits et de l’importance de ses effectifs, elle est l’un des premiers
secteurs industriels de la Suisse.» Le Dictionnaire historique de la Suisse
(DHS) donne immédiatement conscience du poids de l’industrie pharmaceutique
dans l’économie nationale et de la force qu’elle donne au pays en termes de
capacités d’embauches et d’exportations. Une étude
de décembre 2019 réalisée par l’institut de recherche économique BAK Economics
AG sur mandat d’Interpharma, l’association des entreprises pharmaceutiques
suisses pratiquant la recherche, confirme avec des chiffres récents ce
qu’indique le DHS. «L’industrie pharmaceutique est un pilier porteur de
l’économie nationale suisse. La valeur ajoutée brute obtenue en Suisse
s’élevait à environ trente-six milliards de francs en 2018, ce qui représente
5,4% de la performance économique totale de la Suisse. Sans la croissance
réelle élevée de la valeur ajoutée de l’industrie pharmaceutique de 9,3% en
moyenne, la croissance du PIB suisse entre 2008 et 2018 aurait été réduite d’un
tiers.»
À BÂLE OU AILLEURS
Cécile Rivière,
responsable de la communication en Suisse romande pour Interpharma, rappelle
que c’est une combinaison de facteurs qui a, au fond, permis à la recherche
pharmaceutique suisse d’atteindre l’excellence au fil du temps. «Tout est parti
de l’industrie chimique présente dans le pays depuis plus de cent cinquante ans
et qui a servi de base, au XXème siècle, au développement des premiers produits
pharmaceutiques.» C’est après 1945, note le DHS, que «l’essor de l’industrie
chimico-pharmaceutique fut (…) favorisé par la rapide diffusion de méthodes
radiographiques, spectrographiques et spectrométriques qui simplifiaient
notablement l’analyse structurelle des molécules». En outre, «s’y ajouta le
développement de procédés chromatographiques permettant de déceler et de
purifier des substances naturelles ou de nouveaux produits. Les résultats de la
recherche fondamentale en physique et chimie s’avérèrent indispensables pour
progresser dans l’étude des substances naturelles, agents actifs et matières
synthétiques, telle que la mènent les centres de recherche appliquée des
entreprises chimiques suisses, à Bâle ou ailleurs».
DES CONDITIONS CADRES FAVORABLES
Pour Cécile Rivière, le deuxième facteur qui explique l’excellence de la recherche pharmaceutique suisse est la très bonne collaboration des laboratoires privés avec le monde académique. Ce dernier offre de véritables «pôles de compétences» aux entreprises dans le cadre de la mise au point de nouveaux traitements thérapeutiques. Les centres de recherche des hautes écoles constituent donc un atout majeur pour l’industrie des médicaments. Ce positionnement de la Suisse au sommet de la hiérarchie universitaire représente également un moyen d’attirer les meilleurs spécialistes mondiaux: le recrutement des départements recherche et développement des grands groupes est donc facilité. Dernier facteur explicatif de l’excellence de la recherche pharmaceutique suisse, selon Cécile Rivière: les conditions cadre du pays favorables et incitatives, aux niveaux juridique, fiscal et économique. Ces conditions cadre «restent essentielles pour une place pharmaceutique suisse performante et compétititive à l’échelle internationale», insiste Interpharma dans une récente prise de position. Dans ce paysage a priori très favorable à l’industrie pharmaceutique, les jeunes candidats à une carrière de chercheurs au sein des entreprises spécialistes du domaine sont-ils assez nombreux dans la Confédération? «Non, mais il faut signaler, pour nuancer ce constat, que notre secteur d’activité occupe une place très importante dans l’économie par rapport à la taille du pays et au nombre d’habitants», souligne Cécile Rivière. Elle précise son propos: «Autrement dit, beaucoup de diplômés sortent des universités suisses très bien formés et avec l’envie de nous rejoindre et c’est une très bonne chose. Les membres d’Interpharma doivent toutefois aussi recruter des experts et des chercheurs partout dans le monde, surtout dans quelques spécialités où les candidats sont très demandés. Certains profils d’ingénieurs ou de data scientists sont très recherchés. Interpharma souhaite aussi encourager au maximum les vocations et carrières féminines pour pallier le besoin en collaborateurs avec des compétences de haut niveau».
Cet article est paru dans le numéro de juillet 2020 du magazine ENTREPRISE ROMANDE
Michèle Sierro
Responsable communication Suisse romande
+41 79 305 84 30
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