Je suis convaincu que le système suisse de fixation des prix des médicaments doit être revu de toute urgence et en profondeur.
Aujourd’hui déjà, l’accès aux médicaments est plus restreint en Suisse que dans d’autres pays : parmi les médicaments innovants autorisés par l’EMA entre 2019 et 2022, par exemple, seule la moitié de ceux pris en charge par défaut en Allemagne l’est aussi en Suisse.1
Cette situation pourrait encore s’aggraver, alors même que des médicaments innovants ont permis, au cours des 20 années écoulées, de bien traiter des maladies qui étaient autrefois synonymes de condamnation à mort. En même temps, les médicaments ne tirent pas les coûts du système de santé suisse vers le haut, mais représentent de façon constante environ 12% des dépenses de santé.2
Outre les soins aux patients, la place économique s’érode également. Les conditions de marché de moins en moins prévisibles font que la Suisse, en tant que leader mondial de l’industrie pharmaceutique, perd visiblement de son attractivité. Cette évolution doit être enrayée.
J’ai une idée claire : la comparaison thérapeutique transversale et la comparaison avec les prix pratiqués à l’étranger doivent continuer de servir de base. À l’avenir, il sera toutefois décisif pour la comparaison thérapeutique transversale que le choix du traitement de comparaison se fasse sur la base de critères scientifiques et médicaux clairs et compréhensibles. La sélection actuellement pratiquée selon des critères souvent purement économiques ne correspond pas à l’idée de base d’une comparaison thérapeutique transversale. Par exemple, des thérapies innovantes et ciblées sont comparées en termes de prix à des chimiothérapies non spécifiques datant du siècle dernier, alors même qu’elles permettent aux patients de vivre beaucoup plus longtemps.
Lorsque nous comparons les prix hors de nos frontières, nous demandons que les prix référencés à l’étranger prennent désormais en compte le pouvoir d’achat de chaque pays. Bien entendu, une thérapie dans un pays à fort pouvoir d’achat comme la Suisse doit coûter plus cher que dans un pays à faible pouvoir d’achat, comme c’est déjà le cas pour d’autres produits. L’OMS recommande également de tenir compte du pouvoir d’achat lors de la fixation des prix de référence externes.3
Enfin, l’utilité d’un médicament pour les patients, pour le système de santé et pour la société devrait également être prise en compte à l’avenir. Il faut mettre en place une évaluation structurée de l’utilité avec des critères clairs, comme c’est le cas depuis longtemps dans d’autres pays.
Ces dernières années, diverses initiatives ont été lancées pour réduire les coûts dans le secteur de la santé, notamment en ce qui concerne les prix des médicaments. Aujourd’hui déjà, des mesures annuelles récurrentes permettent d’économiser plus de 1,5 milliard de francs.4 D’autres mesures dans un contexte déjà difficile sont dangereuses et doivent être envisagées avec la plus grande prudence.
L’introduction généralisée de modèles de suivi des coûts, c’est-à-dire de rabais de quantités, fait actuellement l’objet de discussions. Les rabais allant jusqu’à 50% sur le chiffre d’affaires proposés par l’OFSP équivalent à un impôt de pénalité sur l’innovation. Cette proposition envoie le signal que les innovations ne sont plus valorisées en Suisse, ce qui fait perdre encore plus d’attractivité à la place économique suisse. C’est pourquoi nous rejetons cette proposition.
Interpharma, fondée en 1933 et dont le siège se situe à Bâle, est l’association des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche.
Pour nous contacter
Interpharma se présente
Plus d’informations sur les tâches et les objectifs généraux d’Interpharma
Informations sur nos chiffres clés et activités au cours de l’année 2024